Millau 2018, la légende : 100 km pour un 100 kg !

Publié le 06.03.2019 par Clémence Mermillod

Bruno Maurel est le vainqueur du trail InterClas 2017. Fondu de course à pied, il a choisi de partager avec les lecteurs du CAES MAG son dernier défi sportif : les 100 km de Millau. Récit d’un sportif passionné. 

Un récit
de Bruno Maurel

Mon aventure à la Diagonale des Fous m’a ouvert sur de nouvelles idées de course à pied. Après avoir hiberné et reconstitué mes réserves, l’idée de faire la 47ème édition des 100 km de Millau resurgit un jour de janvier 2018, devant un bon chocolat « La-tour » mon boulanger pâtissier préféré…

Vous me direz holala ! c’est mal parti pour cet objectif qui se déroulera le 29 septembre 2018 ! Eh bien, en mars (et ça repart !!!), je rechausse les baskets, remonte sur le vélo et c’est parti pour les sorties dans les bois, un peu de gainage, de musculation dynamique et des séances spécifiques « Millau » : « apprendre à courir lentement et longtemps sur des parcours pentus ».

En avril la forme revient doucement mais il faut que je trouve un sérieux accompagnateur à vélo.

Et oui je suis sérieux quand je dis ça… Je propose ce challenge à mes coéquipiers de trail Marco et Martial. Et ils s’écrient ensemble : Chiche !

Juillet, août et septembre…  Je multiplie mes séances d’entraînements sur la route, dans les bois, le matin, le soir, la nuit, en montagne, à vélo.

« On se croirait à la fête des vendanges ! »

Quinze jours avant la course, j’effectue une séance très particulière mais très importante pour la course avec Martial, mon accompagnateur officiel. Nous partons pour un aller-retour St-Martin-de-Londres (dans l’Hérault), le « Causse de la selle » : 23 km 600 de dénivelés, le profil parfait pour la course. Nous en profitons pour installer la glacière en suspension sur le devant du vélo avec nos victuailles en tout genre (bière, saucissons, chips, eau, pastis, olive). Non, je plaisante : pas le jour de la course ! Mais la bière est bien prévue pour le 70ème km !

Le 29 septembre 2018, nous arrivons à Millau (Aveyron) vers 9 heures et récupérons les dossards : un pour le coureur et un pour le vélo : n° 635. Je suis accompagné de Martial, mon accompagnateur officiel. Il y a déjà beaucoup de monde dans ce parc de la Victoire qui a vu défiler les meilleurs joueurs de pétanque du monde.
Le départ officieux est donné vers 9h30, fanfare en tête ! 1017 coureurs, accompagnateurs, supporters, supportrices se dirigent au son de la musique vers la ligne de départ officielle 1km plus loin : quel moment inoubliable, on se croirait à la fête des vendanges !

10h : Pan ! Pan ! C’est le départ. Le temps est idéal, chaud et frais. Chacun part à son rythme. Pour ma part, j’ai prévu 1h05 tous les dix kilomètres jusqu’au point de passage du marathon dans Millau, 1ère partie qui est assez facile mais piégeuse. Au 7ème km « Aguessac », je récupère mes accompagnateurs vélo (Martial et Marco) et un vélo tout équipé, comme un bar de pro. Il manque juste la tireuse à bière ! Direction le très joli village du Rozier et Peyreleau puis, on passe de l’autre côté du Tarn pour un retour sur Millau. Au lieu-dit La Cresse, Cécile commence son entraînement pour 10 km. Finalement, elle en fera 25, jusqu’à St-Rome-de-Cernon.

« Nos supportrices sont là avec de bonnes bières bien fraîches »

Tout se passe bien jusqu’au 46ème km dans la bosse « Creissells », côte à 10 % sur 2 km. Il reste à ce moment là 54 km et 1000 mètres de dénivelé. J’ai des problèmes de digestion qui vont durer une bonne heure jusqu’à St-Georges-de-Luzençon. Ça va mieux… Je reprends un bon rythme quand, à l’approche de St-Rome, je croise le premier qui revient de « St-Affrique » :  quelle aisance !  Quelle allure ! 14 ou 15km/h ! Et oui, dans la deuxième partie, on croise ceux qui sont devant vous et sur le retour ceux qui sont derrière vous, mais… On peut rattraper certains qui sont devant vous… Ou se faire rattraper par certains qui sont derrière vous !

Je reprends ma course. 60ème km, la fameuse « côte de Tiergues »… 6 km et 6 % de moyenne qui est un passage psychologique de la course à l’aller comme au retour. Moi, ça va de mieux en mieux, je gère bien cette bosse, puis direction St-Affrique, 9 km de descente à 5 % ; j’arrive au ravitaillement de St-Aff (comme on dit ici), nos supportrices sont là avec de bonnes bières bien fraîches. Un petit arrêt de 5 mn, quelques gorgées de fraîcheur et je repars de plus belle pour le final de 30 km. Ça sent la fin, oui, mais il faut remonter les 9 km que l’on vient de descendre avec patience, concentration et détermination. Nous repassons Tiergues. St-Rome-de-Cernon en vue, je m’arrête au ravitaillement et je me fais masser 10 mn. 

La nuit tombe, le massage est bénéfique, bonne jambe vient à ma rescousse… Les kilomètres défilent, Martial à vélo-bar et Marco à pied. Et oui, Marco a posé le vélo à Millau et m’a dit « je fais un bout de chemin avec toi »… Il va faire toute la deuxième partie. Un grand moment de partage. Merci.

« La ligne d’arrivée est en vue ! »

Déjà « St-Georges ». Enfin, « St-Georges-de-Luzençon », on est passés tellement vite que je n’ai pas vu « de-Luzençon » !

On arrive dans la « descente de Creissells » ! Des crampes m’attaquent la cuisse droite, j’étire ma crampe et je repars ; c’est moins pentu vers la fin ! 5 km et c’est fini ! Courage nous entrons dans Millau à bonne allure. Il est 22h. Martial et son vélo-bar sont toujours là, Marco aussi.  La ligne d’arrivée est en vue ! Et là ! On entre dans cette salle des fêtes chauffée à blanc et je franchis la ligne d’arrivée :  quelle belle émotion ! 12h 16min 26s… Je suis 272ème. C’est à ce moment précis que vous comprenez : vous avez couru la légende !

 

Remerciements à Chantal, Cécile, Eugénie, Marco, Martial pour leur soutien avant, pendant et après course. 

Et à très bientôt pour une nouvelle aventure.

Bruno Maurel