L’accès handicap, une priorité pour les villages vacances du CAES

Publié le 03.12.2018 par Clémence Mermillod

Accueillir les personnes en situation de handicap, adultes et enfants, dans de bonnes conditions dans ses centres de vacances est un enjeu essentiel pour le CAES. Au fil des années, l’association a su développer son offre vacances à destination des personnes handicapées et leur famille. Discussion avec les villages vacances au sujet de ces dispositifs.

« Nous avons cherché à permettre le maximum d’autonomie à ces vacanciers. » 
Estelle Porcu, directrice de la Villa Clythia (Fréjus, Var)

La Villa Clythia de Fréjus.

Caes Mag. Venir en vacances à la villa Clythia lorsque l’on est en situation de handicap, c’est possible ?

Estelle Porcu. Oui, on essaie de s’adapter au mieux. Tout le village vacances a été aménagé, lorsque la configuration des lieux le permet. Toutes les préconisations en matière d’aménagement handicap ont été respectées : deux chambres sont entièrement adaptées, avec salle de bain et toilettes privatives, des rampes d’accès et élévateurs sont prévus à plusieurs endroits du centre. On a cherché à assurer le maximum d’autonomie aux personnes en situation de handicap pour qu’ils puissent accéder à leur chambre, leur salle de bain, la terrasse, le restaurant et le bassin sans avoir besoin d’aide.

Quelle est la philosophie du village vacances à ce sujet ?

Lorsque les vacanciers réservent leur chambre, certains précisent dans leur dossier qu’ils sont en situation de handicap. On les appelle ensuite pour préparer au mieux leur venue. On discute de leurs besoins, de leurs envies et on s’adapte. Pour certaines situations, on peut acheter du matériel, ajuster le lit, les toilettes… C’est plus facile pour nous lorsqu’il n’y a pas de tabou et que la personne accepte de parler de son handicap ou de celui de son enfant.  C’est plus compliqué pour certains. Lorsque c’est le cas, nous faisons le premier pas et nous nous adaptons.

La terrasse de la Villa est équipée d’un élévateur pour être accessible à tous.

Certains de vos personnels s’occupent-ils spécifiquement de ces vacanciers une fois sur place ?

Nous travaillons avec une association, SENDRA, qui se charge de nous trouver des personnes diplômées qui accompagnent les vacanciers en situation de handicap, en fonction des besoins de chaque personne. Nous mettons ensuite en contact l’animateur spécialisé et le vacancier pour qu’ils discutent ensemble, fassent connaissance, échangent sur les envies du vacancier et ses besoins. L’animateur peut être disponible entre 0 et 35 heures par semaine, pour les enfants et les adultes. Ce sont toujours des gens qui connaissent leur métier. L’accompagnement des mineurs est pris en charge par le CAES. Pour les adultes, on fait un devis qu’on leur envoie. La plupart du temps, c’est ensuite pris en charge par le Conseil général. Le CAES peut aussi assumer une partie du devis.

Qu’est ce qui est prévu en termes d’hébergement ? Combien de logements sont accessibles ?

Une douche adaptée de la villa Clythia.

Nous disposons de deux logements entièrement aménagés aux normes handicap.

Qu’est-ce qui est prévu pour les déplacements sur le centre ?

Dans la villa, les parties communes et les chambres aménagées sont accessibles de façon optimale. Pour le parc, celui-ci étant conçu avec un dénivelé important, c’est plus compliqué. Plusieurs espaces d’accès ont été ménagés. Ainsi les vacanciers peuvent se rendre à la piscine et au terrain de tennis.

Peut-on se baigner dans la piscine si l’on est en fauteuil par exemple ?

Non, pour l’instant nous n’avons pas l’équipement matériel pour la baignade de ces personnes dans notre piscine.

Qu’est ce qui est prévu pour participer aux activités ?

Le centre dispose d’un accès Handi Plage. Les vacanciers qui le souhaitent peuvent se rendre à la plage de Fréjus et être entièrement pris en charge, gratuitement, avec mise en eau et structure flottante de baignade. Ils peuvent s’y baigner aussi longtemps et aussi souvent qu’ils le souhaitent. Par ailleurs, leur animateur peut les accompagner dans certaines activités. Certains font du catamaran, des visites. On s’adapte en fonction des demandes et des possibilités.

Qu’est-ce qui est prévu au club enfant pour les enfants en situation de handicap ?

On fait la même chose pour les enfants. L’animateur spécialisé est en relation avec les parents pour bien préparer le séjour. Il pose des questions sur les habitudes de l’enfant, ses relations avec les autres (dans le cas d’autisme par exemple), les activités qu’il aime… Lors de la réunion d’accueil des vacanciers, les parents et l’animateur élaborent un planning de la semaine. Cela est très adaptable : si les parents veulent faire une sortie en amoureux par exemple, ils peuvent la planifier pour que le professionnel prévoie ce soir-là une animation avec l’enfant et que les parents puissent souffler un peu. Plus on anticipe, plus les vacances seront sur-mesure pour ces vacanciers.

De manière générale, les vacanciers handicapés en vacances à la Villa Clythia peuvent-ils passer des vacances comme les autres ?

Oui, nous avons cherché à permettre le maximum d’autonomie à ces vacanciers. Nous avons même prévu, en cas de panne électrique, une rampe handicap sur batterie pour l’accès à la villa !

Il y-a-t-il des projets d’aménagement prévus dans l’avenir pour perfectionner l’accessibilité du centre ?

On ne peut pas rendre le site 100% accessible étant donné la configuration des lieux. Mais nous avons certains projets. Comme l’équipement de la piscine pour la baignade des personnes en fauteuil. Des arrêts par pallier dans le parc pour l’accès aux gîtes et la ballade dans le parc des personnes en fauteuil. Enfin, c’est un projet qui n’est pas du tout acté mais auquel nous songeons, la construction d’un gîte entièrement adapté en plus des deux chambres dont nous disposons déjà.

 

« Nous faisons le maximum pour que le handicap ne crée aucune différence »
Christa Balzer, responsable d’hébergement au Centre-Paul-Langevin (Aussois, Savoie)

Le Centre Paul-Langevin à Aussois est en travaux par phases jusqu’en 2020, tout en restant ouvert cet hiver pour accueuillir les skieurs.

Caes Mag. Venir en vacances au Centre Paul Langevin lorsque l’on est en situation de handicap, c’est possible ?

Christa Balzer. Bien sûr ! Pour cet hiver, nous avons deux chambres adaptées pour les personnes à mobilité réduite. L’une peut accueillir deux personnes et l’autre trois. Nous pouvons donc tout à fait accueillir les vacanciers porteurs d’un handicap et leurs familles !

Quelle est la philosophie du village vacances à ce sujet ?

Faire le maximum pour que ces vacanciers passent de bonnes vacances et que leur handicap ne crée aucune différence.

Certains de vos personnels s’occupent-ils spécifiquement des vacanciers en situation de handicap une fois sur place ? Il y a-t-il une animation spécialisée pour ceux qui le souhaitent ?

Oui, lors de la réception des fiches confidentielles des vacanciers, nous apprenons quels sont ceux en situation de handicap. Les fiches précisent aussi s’ils ont certains besoins particuliers. Cela nous permet de suivre leur dossier et de nous adapter au mieux. Par exemple, s’ils ont besoin d’un lit médicalisé. Nous nous assurons aussi que le logement corresponde au mieux : par exemple, dans le cas d’une personne malvoyante, nous lui attribuerons une chambre à l’accès facile et bien éclairé, proche de l’accueil. Généralement le dossier est rempli à l’avance donc on peut vraiment anticiper. Lorsqu’il s’agit d’un enfant, on demande tout de suite s’il y a besoin d’un animateur spécialisé.

Peut-on aller skier ou pratiquer certaines activités de montagne en été si l’on est en fauteuil ?

Oui. Pour les sports d’hiver, nous travaillons avec l’ESF, qui dispose dans ses équipes de moniteurs de ski formés aux fauteuils-ski, ou qui sont formés à l’accompagnement sur les pistes des personnes malvoyantes, ou de personnes présentant des troubles autistiques. Nous mettons en relation les vacanciers avec l’ESF et la commission handicap et solidarité du CAES qui va proposer une prise en charge totale ou partielle selon les cas. Nous nous occupons donc surtout de mettre les différents interlocuteurs en relation. Pour l’été, le centre est équipé d’une Joëlette, c’est un fauteuil de randonnée pour personnes à mobilité réduite. Nos accompagnateurs moyenne montagne savent le manier et donc peuvent prévoir des sorties adaptées. Ce qui est sympa c’est que les autres randonneurs du groupe vont tous aider à manier la Joëlette. Cela permet vraiment aux personnes en situation de handicap d’être intégrées au groupe de promenade.

Qu’est ce qui est prévu pour circuler sur le centre, aller aux veillées ?

Tout est accessible au Centre Paul-Langevin. Cet hiver, c’est un tout petit peu plus compliqué pour accéder à la buanderie et à la nurserie en fauteuil, puisque nous sommes entre deux phases de travaux. Ce sont les deux seuls lieux du centre pour lesquels les vacanciers en fauteuil auront besoin d’un peu d’aide. Après les travaux, à l’horizon 2020, l’autonomie des personnes en fauteuil dans le centre sera optimale. C’est notre objectif, que ces vacanciers soient complétement autonomes sur le centre. L’ascenseur desservira tous les niveaux et les pentes d’accès fauteuil seront adoucies pour que les personnes puissent les emprunter sans l’aide de personne.

Qu’est-ce qui est prévu au club enfant pour les enfants en situation de handicap ?

Si les parents ne demandent rien, alors rien n’est prévu. Si les parents demandent, alors un animateur spécialisé va être recruté pour accompagner l’enfant. Son objectif principal va être l’intégration de l’enfant au sein du club. Selon les handicaps des enfants et leurs âges, des sorties en extérieur peuvent être envisagées. Le programme et les horaires sont conçus en amont avec les parents, à raison de 35 heures par semaine.

De manière générale, les vacanciers handicapés en vacances au Centre Paul-Langevin peuvent-ils passer des vacances comme les autres ?

Oui, on fait tout pour qu’il n’y ait pas d’écarts et que toutes les animations au sein du centre soient accessibles.

Il y-a-t-il des projets d’aménagement dans l’avenir pour perfectionner l’accessibilité du centre ?

Ah oui ! Nous sommes en plein dedans ! L’accessibilité, c’est l’un des enjeux de la rénovation du centre qui est en cours par phases jusqu’en 2020. Comme je l’ai dit, on veut permettre un maximum d’autonomie.

 

« Lorsque l’on dialogue en amont, nous sommes mieux préparés pour nous adapter à des besoins spécifiques »
Nell Redert, responsable de l’hébergement et Véronique Mornet, agent administrative de la Vieille Perrotine (Oléron, Charente-Maritime)

Le village vacances de La Vieille Perrotine.

 

Caes Mag. Venir en vacances à la vieille Perrotine lorsque l’on est en situation de handicap, c’est possible ?

Nell Redert et Véronique Mornet. Oui, c’est possible ! Et pour que l’on puisse prévoir un accompagnement sur-mesure, c’est mieux que les familles nous le signalent au moment de la réservation. Comme ça on peut se préparer au mieux.

Quelle est la philosophie du village vacances à ce sujet ?

On a tout aménagé pour et on essaie de répondre à toutes les demandes. On se met vraiment à la disposition des vacanciers en essayant de répondre au mieux à leurs besoins spécifiques.

Certains de vos personnels s’occupent-ils spécifiquement de ces vacanciers en situation de handicap une fois sur place ?

Oui. On a des habitués qui viennent depuis des années alors on connaît leurs habitudes. Pour les nouveaux venus, on se renseigne. On met aussi les familles en relation avec les accompagnateurs. Ensuite, même si les personnels changent, nous on a un suivi qui se met en place. Les familles qui ont coché la case « accompagnement » auront aussi un accompagnant dédié (un reportage avait été fait sur ce sujet pour le CAES MAG, visible ici, NDLR).

Qu’est ce qui est prévu en termes d’hébergement ? Combien de logements sont accessibles ?

Nous avons deux mobil-homes complétement adaptés (salle-de-bain, rampe d’accès,…) pouvant accueillir de 4 à 5 personnes. Nous avons aussi trois gîtes de 5 personnes, entièrement de plain-pied, avec la salle de

Salle de bain adaptée dans un mobil-home de La Vieille Perrotine.

bain et la chambre adaptées aux personnes à mobilité réduite.

Qu’est-ce qui est prévu en termes de déplacements sur le centre ?

Tout est accessible sur le centre, selon les normes officielles d’accessibilité.

Peut-on se baigner dans la piscine si l’on est en fauteuil par exemple ?

Nous sommes équipés d’un tire-à-l ‘eau pour la baignade en piscine ou en mer.

Qu’est ce qui est prévu pour participer aux activités ?

Si la personne a demandé un accompagnant au moment de son inscription, il vont pouvoir discuter ensemble de leur programme et s’adapter pour que le vacancier en situation de handicap puisse participer aux activités qu’il souhaite.

Qu’est-ce qui est prévu au club enfant pour les enfants en situation de handicap ?

Rampe d’accès d’un mobil-home de la Vieille Perrotine.

Selon le handicap, de la même manière, l’accompagnant va discuter avec la famille pour créer un programme sur mesure à l’enfant.

De manière générale, les vacanciers handicapés en vacances à la Vieille Perrotine peuvent-ils passer des vacances comme les autres ?

Oui. Tout est adapté. On a des familles dans cette situation qui reviennent en vacances ici depuis des années : ils se sentent bien chez nous !

Il y-a-t-il des projets d’aménagements dans l’avenir pour perfectionner l’accessibilité du centre ?

Oui, on peut toujours améliorer des choses. Dans les hébergements, on pourrait par exemple optimiser encore l’autonomie des vacanciers en fauteuil. Mais il faut que cela rentre dans nos budgets ! Dans l’ensemble, les vacanciers sont nos premiers atouts pour repenser les accès. L’un de nos habitués qui pratique le vélo couché n’a pas hésité à nous signaler des pierres qui le gênaient pour passer sur la piste cyclable, et hop, nous avons aménagé la zone pour qu’il puisse passer sans encombre.