Les plafonds mythologiques de la Villa Clythia

Publié le 26.07.2011 par Laurent Mandeix
L’art de la peinture dans l’un des angles de la salle « Mimosa » © Malik Hamza

Construite à la fin du XIXe siècle, à la demande d’un médecin parisien, la Villa Clythia accueille aujourd’hui un village de vacances du CAES. Pour découvrir l’un des charmes de cette villa de bord de mer, levez les yeux au plafond !

Dans le dernier quart du XIXe siècle, Saint-Raphaël connaît une fréquentation nouvelle. Profitant d’une spéculation immobilière, la commune vend ses parcelles à des médecins, des personnalités des arts et sciences, des administrateurs et des hommes politiques dont les villas serviront de lieux de réception. C’est dans cette vague d’urbanisation qu’Henry Guéneau de Mussy, un médecin de l’École normale, commande à l’architecte Pierre Aublé(1) les plans et la construction de la Villa Clythia sur les hauteurs encore sauvages de Fréjus.

Devenue 150 ans plus tard le village de vacances du CAES du CNRS sur la Côte d’Azur, la demeure présente des caractéristiques des villas d’Aublé : faux bossages dans les parties basses, balustrades où alternent piliers et balustres de terre cuite peinte, entablements toscans reposant sur des consoles à volutes et escalier en marbre blanc à deux volées droites.

Depuis sa construction, la villa a subi de nombreuses modifications(2) hormis le plafond de la salle dite « Mimosa » qui reste d’origine. Orné de moulures et entièrement peint, le plafond présente, à chacun de ses angles, la figuration des arts et des sciences : la peinture, la musique, l’astronomie et l’architecture. À croire que ce plafond était prédestiné à son actuel propriétaire !

 


Clythia métamorphosée en héliotrope © DR

La nymphe marine éconduite

Libellé Clytia ou Clytie, le nom de Clythia est celui d’une océanide (nymphe marine dans la mythologie grecque). Clythia fut aimée d’Hélios, assimilé progressivement à Apollon – dieu de la musique et des arts. Puis délaissée pour Leucothoé. Amante abandonnée et jalouse, Clythia en réfère alors au père de sa rivale. Parce qu’elle l’avait déshonoré, Orchamos punit sa fille en l’enterrant vivante.

Hélios essaie en vain de la secourir. Il arrose alors la terre et le corps de son amante d’un nectar parfumé : il en naît l’encens.

Mais la mort de Leucothoé ne rapporte à Clythia que le ressentiment du dieu. Désespérée, elle s’assoit nue sur les rochers et y demeure durant neuf jours, sans eau ni nourriture, tournée vers le soleil, suivant du regard la course du char de son bienaimé. Jaunie et brunie par son éclat, elle se change alors en tournesol.


Notes

1. Architecte ingénieur, Pierre Aublé (1842-1925) a supervisé la construction de la basilique Notre-Dame de la Victoire de Saint-Raphaël et de quelques hôtels remarquables. Il profite d’un marché de la spéculation développé par de nouveaux acquéreurs regroupés en petites communautés homogènes. Il devient ainsi le concepteur d’une soixantaine de villas dans les quartiers périphériques du centre-ville.

2. Seules les façades nord et est de la villa n’ont pas subi de modifications. Répertoriée dans l’inventaire général du patrimoine culturel, réalisé région par région, la Villa Clythia ne bénéficie pas de « protection » au titre des Monuments historiques – ni pour le bâti ni pour les décors intérieurs.