Le vernissage de l’exposition « Cadavres exquis à 2 tours » s’est tenu le 12 octobre 2017 sur le Campus du CNRS de Villejuif.
Le thème de cette exposition est original.
En effet, il reprend le jeu collectif du cadavre exquis inventé par les surréalistes dans les années 20. Le Dictionnaire abrégé du surréalisme donne du cadavre exquis la définition suivante : « jeu qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »
Le photoclub de Villejuif a adapté ce processus à la photographie. Le jeu étant pour chaque photographe de répondre ou d’interpréter uniquement l’image du photographe qui le précède. C’est ainsi que 39 photos se sont succédées entre le 14 mars 2016 et le 7 avril 2017.
Chaque photographe avait une semaine maximum pour envoyer sa photo au suivant, la contrainte technique étant de proposer une photographie au format vertical (portrait).
Vous pourrez voir cette exposition jusqu’en début d’année 2018.
Vernissage de l’exposition
Vernissage de l’exposition
Vernissage de l’exposition
Les photos sont à découvrir dans un diaporama avec les commentaires de leurs auteurs :
J’ai été la première à démarrer ce cadavre exquis et j’ai choisi de photographier le poirier qui, dans mon jardin, me permet de suivre les saisons. Prise au petit matin, on ne se croirait pas encore au printemps.
Composition au café ou comment intégrer un arbre dans une scène d’intérieur, pour couper court directement à la suite d’arbres si prévisible, et en utilisant ce qu’on a sous la main au labo, parce qu’on est déjà limite hors délai !
Pause café est le pendant de celle que j’avais reçue et qui représentait une table de cuisine où était posés, éparpillés, divers objets, dont une tasse à café et une carte postale ou un tract ? J’ai voulu évoquer avec cette pause-café parmi les cuivres, une atmosphère plus intime, plus chaleureuse, plus orientale aussi, le livre (un auteur égyptien) rappelant le papier qui se trouvait sur la photo envoyée. (Photo prise chez moi, à Bagneux).
La photo de Marie-Claude est une véritable invitation pour se plonger dans l’ambiance mystérieuse de la culture arabe. Une invitation à aller s’assoir à la table : sentir l’odeur dégagée par le café et lire un texte du fameux romancier égyptien Taha Hussein qui raconte l’état d’un jeune homme amoureux et bouleversé. J’ai accepté l’invitation et je me suis allé à l’institut du monde arabe dans l’espoir de retrouver la même atmosphère et là j’ai été attiré par les motifs et la lumière…
L’idée était de garder la géométrie des lignes et l’effet « dedans-dehors », mais en l’inversant, c’est-à-dire en privilégiant le dehors sur le dedans. D’où une maison à colombages très géométriques (et vifs, d’où le choix de la photo couleur) reprenant exactement les lignes de la fenêtre à travers laquelle on regarde.
La photo précédente reçue de Marie-Agnès montrait une façade basque vue au travers d’une fenêtre ; en me promenant à Beauvais, j’ai remarqué ces fenêtres modernes dans lesquelles se reflétait la cathédrale gothique beauvaisienne. Le lien m’a paru évident lors de cette balade !
Danielle Bonardelle, en m’envoyant sa photo qui représentait l’image déformée d’une église gothique aperçue à travers une structure moderne, s’adressait à une personne qui avait pratiqué pendant bien des années l’histoire médiévale ! Que devais-je faire ? Me replonger, pour trouver l’inspiration, dans mes recherches ? Pas possible ! Je me suis alors souvenue qu’au cours d’un voyage en Sicile j’avais acheté un « Pupo », l’une de ces reproductions des marionnettes du théâtre populaire dit « Opera dei Pupi », né au début du XIXe siècle en Sicile (même si son origine est bien plus ancienne) qui racontait et raconte encore des histoires inspirées de la littérature française chevaleresque du Moyen Âge (La Chanson de Roland) ou de la poésie épique italienne (Le Roland furieux de Ludovic Arioste, début XVIe s.). J’ai alors pensé d’aligner sur une même prise de vue mon Roland, héro mythique du passé, et l’image emblématique d’un footballeur, héro mythique du présent !
Exposition d’art moderne à la Foire internationale d’art contemporain de Paris, en plein air au Jardin des Tuileries. Hors expo, intemporel, de marbre, toujours dans le décor, une statue aux formes académiques, au titre évocateur : La comédie. J’étais à la recherche d’une image en fil d’Ariane avec la photo reçue, qui serait « décalée », entre passé, présent, tradition, mémoire et instantané. La statue de Jules-Toussaint Roux (1874), cette femme le masque à la main, a répondu au décor de la mise en scène recherchée, associant Passé, Présent, Masqué, la volatilité d’une exposition d’art contemporain éphémère (comme le foot à la télé dans la photo précédente) avec la mémoire de marbre d’une représentation culturelle passée et la « drôlerie » du pigeon perché, insouciant (vivant, volatil et furtif).
La photo reçue m’a fait penser à la statue de la place de la République. Puissant symbole vers lequel a convergé spontanément le tout Paris, suite à l’attentat de Charlie Hebdo. Un an et demi après, l’état d’urgence est toujours maintenu, la première devise de la République est en souffrance, la Liberté prend l’eau, c’est l’alerte de la Seine ! Et le titre renvoi au célèbre poème de Paul Éluard : Liberté (1942).
Quel que soit le lieu, je suis attiré par la symbolique des monuments commémoratifs et en particulier par ceux de la première guerre mondiale 1914-1918.
J’ai pivoté un peu la photo pour donner l’effet de mouvement, et le pigeon qui regarde donne à la photo un air surréel.
À réception de la photo, ma 1ère impression fut « que vais-je bien pouvoir faire comme cliché » puis après réflexion, mon inspiration est partie sur l’association de la nature et des sons. D’où la réalisation de cette photo.
La photo qui m’est parvenue était une composition associant une plante et un carillon à vent évoquant un univers extrême-oriental. J’ai transposé cette évocation en photographiant un petit coin au-dessus de ma bibliothèque où s’entasse des souvenirs d’une vie antérieure, extrêmement orientée (sic) elle, vers l’Afrique où j’ai vécu de longues années. Fleurs et instruments de musique rappellent les éléments de la photo précédente, la bouteille de thé faisant le lien entre les deux mondes, sans que j’aie eu besoin de changer quoi que ce soit.
J’ai pris la photo de ce reptile dans une animalerie en réponse à l’exotisme de la photo précédente.
L’iguane de la précédente photo m’a fait penser à un animal préhistorique. J’ai alors imaginé une image pouvant suggérer la préhistoire au sein de notre vie actuelle, avec cette statue plus vraie que nature dans un milieu naturel avec en toile de fond un bâtiment récent.
Les abords du muséum d’histoire naturelle sont bien connus des Parisiens – voire des non-Parisiens comme moi. Je me suis donc rendu au jardin des plantes dans l’idée de photographier les ossements de cette brave bête envoyée par Jacques. Certains sont exposés dans le bâtiment derrière lui sur la photo. Le résultat ne m’ayant pas satisfait j’ai continué à me promener dans le parc, lequel accueillait l’exposition temporaire Magicien d’os, représentant ça et là des ossements démesurés d’animaux préhistoriques. Ma photo a tenté d’utiliser une des ses sculptures, le mammouth semble y lorgner sur son devenir (advenu) et nous montrer, tout géant que nous sommes, la fatalité de l’existence.
En recevant Vanité préhistorique, regards croisés j’ai cherché à rebondir sur les termes « vanité » et « regard » puis sur « préhistorique » et « croisé » ce qui a donné « vanité contemporaine et regard captif » donc une nature morte contemporaine… quoi de mieux que mon fils devant son écran d’ordinateur en train de jouer en ligne… « regard captif » et en clin d’œil, ce masque de cérémonie mortuaire mexicain comme un autre renvoi à la vanité et au regard captif.
La réception de la photo est une invitation à des substitutions : à l’atmosphère de bazar exotique sympathique, l’ordre poutinien froid (chapka et appareil photo Lubitel) ; au Coca, à défaut de vodka, un Gaillac servi dans un verre ; au masque exotique, la pomme Apple souriante collée sur un PC ; à l’image encadrée des derniers instants la pérennité des livres dans les cadres des casiers, avec les musiciens au sommet. L’ambiance soupçonneuse demeure.
J’ai pris cette photo en fin d’après-midi dans le quartier de Downtown à Los Angeles, sur le toit d’un immeuble. Au premier plan, le briquet reflète les États-Unis, contrairement à la bière bavaroise éclusée ce jour-là. En arrière-plan, on peut apercevoir le drapeau américain.
La photo que j’ai reçue en septembre, au sortir des vacances d’été, et représentant une bouteille de bière et un verre, m’ont inspiré la prise de vue d’un cocktail frais et coloré que j’ai bu tout l’été : le Spritz. J’ai voulu mettre en évidence sa couleur par un cadrage serré.
Au second tour j’ai reçu la photo de Claire Kulaga Apérol qui montrait une tranche d’orange sur le dessus d’une boisson. La boisson m’a fait penser à l’ivresse et j’ai choisi la photo Ivresse place de l’étoile qui est une place à Copenhague avec cafés, salle de musique et jeux de plein air, appelée place rouge on voit d’ailleurs écrit Moscou en écriture cyrillique sur un écriteau lumineux comme le verre et l’étoile rouge.
Vigiles de la place M4 prend la suite de la photo d’une place dominée par un mât au sommet duquel brille une étoile rouge. Ici ce sont les grues, utilisées pour les travaux de prolongement de la ligne M4 à Bagneux qui attirent le regard. Elles m’ont fait penser à de gros oiseaux surveillant nuit et jour les humains qui s’activent à leur pied, l’absence de ces humains sur la photo renvoie à un paysage de science-fiction, d’où le titre de la photo.
La vigie qui ne dira rien ou comment garder quelques lignes ou quelques éléments issus de la photo d’avant (les mâts ou structures verticales, l’immeuble…) et faire une image graphique, inspirante pour le photographe suivant, en essayant de ne pas se faire écraser dans un carrefour très passant, au milieu des voitures.
En recevant la photo de Magali, j’ai repéré plusieurs éléments, à savoir : statue, couleurs, brillance, hauteur… Je suis allé me balader sur la Seine, j’ai pris plusieurs photos en m’inspirant des éléments de la photo reçue… mais au passage d’un bateau, une scène se déroule…
L’idée était de conserver le bleu du fond, et celle du doré qui contraste. Mais en changeant le lieu, pour figurer l’aigle impérial doré, vu au Château de Fontainebleau (emblème de la puissance de Napoléon), surplombant une majestueuse grille, elle-même dorée.
De la photo précédente L’aigle monte la garde, j’ai gardé le thème « oiseau/volatile » et lorsque me baladant dans mon jardin, j’ai vu « Cocotte » me regarder, ce cliché s’est imposé à moi.
La belle poule de Danielle Bonardelle était accompagnée de la légende : « Je vous ai à l’œil ! ». D’emblée, j’ai pensé aux innombrables expressions, locutions à partir du mot « œil ». J’avais retenu de photographier une belle lucarne ronde, un « œil-de-bœuf », mais, en faisant un jour le tour dans mon quartier, mon œil… a été attiré par une grande enseigne d’un de ces nombreux magasins de lunettes qui essaient à tout prix d’attirer la clientèle…
Voir du point de vue de l’autre, au quotidien, par la fenêtre de la chambre. En écho à la photo reçue avec l’enseigne de l’opticien…
La photo qui m’a été transmise présentait une vue en partie prise à travers une paire de lunettes dont on voyait le contour. De passage à Lisbonne avec comme seul appareil de prise de vue une tablette, je testais une lentille grand angle clipsée sur l’objectif. En prenant cette vue plongeante sur la ville depuis une salle de bain, le contour déformé de la fenêtre formait un hublot qui m’a fait penser à la photo du cadavre exquis. Il se trouve qu’au même moment, un avion passait et entre cette vue à travers un hublot et l’avion, j’y ai vu un clin d’oeil de plus.
Après plusieurs jours où le seuil d’alerte aux particules fines a été dépassé, la circulation alternée est appliquée le mardi 6 décembre 2016.
L’amour de ma vie, la plage, une légère brume, le coucher du soleil et seulement le bruit des vagues… it’s a wonderful world.
Je souhaitais rompre avec le coté paysage et suis partie sur le côté texture de la matière en jouant sur le l’aspect « crémeux », rappelant les vagues qui s’échouent sur la plage.
J’aime les cappucinos. En début d’année nous « fêtions » le départ de Paris d’une amie. Nous nous sommes retrouvés dans une crêperie à l’ambiance typiquement bretonne et maritime. Avant de partir, et en Britanique qui se respecte, Anisha pris un thé et moi un cappucino. Ce n’est qu’en commençant à le boire que la photo de Florence m’est venue à l’esprit. Ni une ni deux, je demande à Anisha si elle accepterait de poser pour ce projet avec ma tasse et voici donc la photo de ce moment. Un moment appréciable et maintenant inoubliable.
J’ai voulu partir des mains pour faire le lien avec l’image précédente, c’est pourquoi j’ai pris cette photo de mon amie jouant du piano. Au final, les images se répondent sous forme de contrastes, le sujet de dos dans une atmosphère monochrome, en opposition avec le sujet de face et l’ambiance colorée et chaleureuse de celle qui précède.
À l’image précédente, un(e) pianiste, il fallait un contrepoint. Qui accompagne-t-il(elle) ? Cette soprano est peut-être la réponse.
Cette vieille femme, par la magie de la scénographie de l’exposition consacrée à Jean Nouvel au Musée des Arts Décoratifs (Paris), parait mise sous les feux des projecteurs, comme apparait la chanteuse soprano que j’ai reçue.
En recevant Vieille femme dans l’obscurité j’étais, je dois dire moins inspirée. J’étais alors à San Francisco et j’ai donc cherché sur place ce que je pourrais photographier pour répondre à cette photo. Cela a été plus difficile que pour le premier tour car je n’avais ni trop le temps ni trop de choses pour m’inspirer. J’ai donc choisi de reprendre le thème de l’obscurité pour ces lignes de lumières dans l’obscurité.
En voyant la photo qui devait m’inspirer j’ai tout de suite pensé à faire un gros plan sur un lampadaire mais tout seul, cela semblait un peu piège pour le suivant ! J’ai donc choisi un immeuble en fond avec une fenêtre, qui laissait nettement plus de possibilité pour le suivant…
J’ai pris cette photo en Islande, dans les fjords du Nord-Ouest où s’aventurent fréquemment des baleines. Dans ce coin, j’ai aussi aperçu une aurore boréale fin aout alors que c’est très rare à cette période de l’année. Après avoir arpenté les côtes de ce pays nordique, je n’ai jamais pu voir un autre phare comme celui-ci. La variété des paysages en Islande est vraiment incroyable !
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Voir le site du photoclub de Villejuif