Manuel Comas, maître-nageur de la Villa Clythia, porteur de la flamme olympique
Le 10 mai dernier, Manuel Comas, maître-nageur historique de la Villa Clythia qui a appris à nager à des générations de vacanciers, a eu la fierté de porter la flamme olympique dans les rues de Saint-Raphaël (Var). L’aboutissement d’une vie de passion dédiée au sport.
Le 10 mai dernier, sur 400 mètres, Manuel Comas a couru dans les rues de Saint-Raphaël, une flamme dans les mains fièrement dressée vers le ciel. Une flamme qui illumine les yeux de tous les sportifs du monde et allume pour quelques secondes une belle lueur d’espoir et de fraternité : la flamme olympique qui parcourt des kilomètres sur terre et sur mer avant d’allumer le feu des Jeux Olympiques Paris 2024. Un moment hors du temps qui semblait encore il y a quelques mois un rêve inaccessible pour Manuel Comas. « C’est mon épouse Natasha qui m’a suggéré de candidater. J’ai d’abord refusé. Pour moi c’était comme gagner au loto, aucune chance que cela n’arrive. Mais pour lui faire plaisir, je l’ai fait. C’était en novembre 2022, j’ai rempli un formulaire et puis plus de nouvelles. Et à l’été 2023, alors que je n’y pensais plus, j’étais à la Villa Clythia lorsque j’ai reçu un email qui m’annonçait que j’avais été présélectionné. »
Une enquête administrative très poussée
Passée la sidération, Manuel Comas mobilise ses forces et ses soutiens. Il doit envoyer une courte vidéo de 45 secondes pour se présenter et défendre sa candidature. Un exercice difficile mais qu’il réussit. « Le 11 mars 2024, j’ai reçu une annonce, j’étais sélectionné. Mais il restait une condition, et pas des moindres : une enquête administrative très poussée devait être menée non seulement sur moi mais aussi sur tout mon entourage pour des raisons de sécurité. » 15 jours d’attente plus tard, sa participation est définitivement actée. Le rêve commence. « Pour moi l’olympisme, porter un petit moment cette flamme, c’est synonyme de paix et d’amour, des valeurs que je porte. Le partage, l’altruisme, donner et ne rien attendre. Voilà mon message. C’est une immense fierté », explique Manuel Comas ému.
Pour moi l’olympisme, porter un petit moment cette flamme, c’est synonyme de paix et d’amour, des valeurs que je porte
S’il est encore surpris d’avoir été retenu, sa vie semble pourtant le mener tout droit jusqu’à ce moment. Biberonné par ses grands-parents à la passion du sport, il commence très jeune les cross d’athlétisme en forêt de Saint-Raphaël. « Mon grand-père et ma grand-mère m’emmenaient à toutes les compétitions » se souvient-il. Il se souvient aussi de la joie de ses proches lorsqu’il monte sur le podium : cela restera pour lui un moteur. La passion du sport le consume. Le bachot en poche, il file pourtant à Nice étudier le droit. Mais quelque chose cloche. « La cohésion du club me manquait, je me sentais seul. » Alors c’est décidé, il vivra de sa passion, le sport. Il s’inscrit au Creps (Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive) et devient éducateur sportif, en VTT et natation. Mais il n’aura de cesse au cours de sa vie d’ajouter de nouvelles cordes à son arc. Direction Chamonix, où il entre au service des Sports des Chasseurs Alpins puis poursuit au bureau des sports de la Ville de Chamonix.
Accompagner les enfants en situation de handicap à un haut niveau
Mais la Côte-d’Azur et son soleil si enveloppant lui manquent. Il rentre à Saint-Raphaël et ouvre une salle de sport qu’il gère pendant des années avant de vouloir plus de temps pour se consacrer à ses enfants, Dorian, Florentin et Clémentine. Il entre alors à l’Institut Médico-Éducatif (IME) et propose des cours d’éducation physique aux enfants en situation de handicap qui le fréquentent. Une révélation pour lui qui le poussera en 2012 dans l’engagement associatif avec Slacaja, une association qui entraîne des jeunes en situation de handicap, notamment trisomiques, à la natation à un haut niveau. « Au départ, je donnais de petits coups de main, puis ça a matché avec ces jeunes. Encore aujourd’hui, je suis ébloui par leur volonté et leurs efforts », explique-t-il fièrement à CAES MAG. En parallèle de ces activités diverses, il rejoint en 2006 l’équipe de la Villa Clythia où il prend en charge de fil en aiguille le rôle de maître-nageur. « Je commence à avoir des jeunes à qui j’ai appris à nager qui reviennent avec leurs enfants », s’émerveille Manuel.
C’est une occasion qui ne se produit qu’une fois dans sa vie
Alors oui, la flamme du sport, indéniablement, Manuel l’a, lui qui a construit sa vie autour de cette passion, et pas seulement pour lui mais pour les autres. « Il n’y a pas vraiment de préparation pour les porteurs de flamme, on nous apprend juste à bien chorégraphier le relais avec un mouvement qui s’appelle le french kiss », s’amuse-t-il. A-t-il le trac ? « Non, c’est tellement une chance. C’est une occasion qui ne se produit qu’une fois dans sa vie. » Il ne reste plus qu’à contempler ce regard si joyeux de Manuel brandissant la flamme : un rêve de gosse qui se réalise. Comme quoi, il faut toujours y croire. Il est là, le rêve olympique.