Les gagnants du concours Photofolie dévoilent les coulisses de leurs images
Derrière chaque photo du concours Photofolie se cache un photographe amateur qui a osé partager son regard avec toute la communauté CAES. On a essayé d’en savoir plus sur les clichés des trois gagnants nationaux.
Pour tous, il y avait un thème : huis clos. Pourtant, ce terme judiciaire devenu par extension synonyme de « toutes portes fermées, en secret » a suscité chez chacun des participants au concours Photofolie des approches bien différentes les unes des autres. C’est là toute la magie du concours Photofolie. CAES MAG n’a pas su résister à la curiosité : nous les avons appelés pour en savoir plus sur leur geste artistique.
L’attaque des araignées géantes
Le thème déjà, n’est pas, contre toute attente, spécialement relié pour tous les participants aux épisodes de confinement que nous avons connu et que nous connaissons encore. Pour Florian Molton par exemple, qui a remporté le prix coup de cœur avec son « Araignée métallique », c’est plutôt l’évocation d’un enfermement. « Il y avait cette sorte de puit de lumière dont la seule issue était gardée par cette araignée de métal aux longues pattes géométriques et dont l’ombre inquiétante se projetait sur la paroi… Cela donnait je trouve une sensation d’enfermement qui me rappelait les films de science-fiction ou fantastiques avec ces araignées géantes qui gardent des passages. » Le photographe a donc projeté tout un imaginaire sur ce cliché, que l’on ressent bien lorsqu’on le contemple. Cette photo a été prise dans le cadre d’un week-end entre amis. « Nous étions en visite à Barcelone, ce puit de lumière est dans la Sagrada Familia que je visitais pour la première fois. » Florian est fan de photographie géométrique, alors lorsqu’il a pris connaissance du thème de Photofolie, il a rouvert ses albums et il est tombé sur cette photo. « Je l’ai retravaillée en noir et blanc parce qu’à la base elle était en couleur, mais plus fadasse. En noir et blanc, le contraste géométrique ressortait mieux. »
« Un petit air interlope »
Même son de cloche pour BrazzaRennes, qui a remporté le prix du public (décerné à la photographie qui remporte le plus grand nombre de votes sur la page Facebook du CAES) avec sa photo « En catimini » : le confinement et autres contraintes sanitaires ne sont pas à l’origine de son inspiration. « J’ai pris cette photographie avant même que la pandémie ne débute. Je trouvais que c’était intéressant et qu’elle rentrait dans le thème. Il y a une sorte de cocon intimiste avec des couleurs chaudes, un huis clos à l’intérieur mais aussi un autre à l’extérieur avec ce type qui est dehors, tout seul, de l’autre côté de la lumière. Ce sont deux huis clos en fait. » BrazzaRennes se souvient bien du moment où elle a saisi cette scène : c’était un moment de convivialité après le travail entre clients et professionnels dans un salon de beauté inclusif. « Un salon de beauté inclusif, c’est un endroit qui propose des soins de beauté aux personnes ayant subi des accidents, étant soignés pour des cancers, étant porteurs d’un handicap… Le lieu s’adapte à tous », explique BrazzaRennes. « La nuit était tombée et je suis sortie quelques minutes. J’ai saisi cette scène, j’aime beaucoup les ambiances de nuit. J’ai ensuite retravaillé la photographie pour lui donner un petit air interlope ! On se demande : qu’est-ce qui peut bien se tramer là-dedans ? Eh bien que de belles choses !»
Parler du confinement mais de façon originale
Pour AL, grande gagnante du concours qui a reçu le prix du jury (photographie qui illustre notre article), le thème a été l’objet d’une hésitation. « Je n’étais pas trop sûre d’aborder le thème sous l’angle du confinement. Je trouvais que c’était un peu facile. Et puis je me suis dit que cela dépendait de la façon dont on abordait le sujet. » L’inspiration viendra lors du second confinement. « Un soir, je regardais par ma fenêtre juste en face de chez moi. Il y avait ces fenêtres éclairées, et, derrière chacune, une forme de vie. Avec la pause longue, la lumière coule et ça accentue les contours de cette vie derrière. J’ai pensé qu’il se dégageait une ambiance chaleureuse de cette scène. » Comme une multitude d’isolements qui rendent l’expérience collective, une connexion invisible. Une ambiance qui répond aux aspirations de AL, jeune étudiante, à cet instant : « l’enfermement, le repli sur soi dans ce contexte, ce n’est pas une fatalité. Il y a de l’espoir, c’est le sentiment que j’ai voulu partager. » AL était très agréablement surprise de ce prix. « Je ne m’y attendais pas du tout. Je suis reconnaissante de voir que mon travail a été apprécié, que le jury a aimé et compris ce que j’ai voulu exprimer. »
Huis clos : un thème qui avait son importance
Pour Ludovic Letot, le photographe professionnel ayant présidé le jury cette année, le thème était d’ailleurs l’un de ses premiers critères. « Je regardais d’abord le respect de la thématique imposée par le concours. Puis la technique, le cadrage, l’exposition, la lumière… Enfin bien sûr, il y a un critère plus subjectif, le feeling. » Personnellement, il n’a pas trouvé cette période de confinement très propice à la création. « L’enfermement, le huis clos, ce n’est pas un thème qui m’inspire, cela m’embête, c’est une contrainte. Moi j’aime me balader alors le confinement était plus un frein artistique même si pas mal d’amis photographes se sont lancés dans des séries confinées. Ce n’est pas mon truc. »