Il était une fois le web
Il y a trente ans, le world wide web faisait son apparition. Depuis, cette toile d’araignée mondiale a bien évolué. CAES Mag a interrogé le service informatique du CAES du CNRS pour connaître leurs premiers souvenirs web.
Une immense toile d’araignée mondiale permettant de consulter des pages d’information d’un ordinateur à l’autre… Il y a trente ans c’était un rêve qui prenait tout juste forme. Le web est aujourd’hui partout, dans nos téléphones, sur nos téléviseurs, nous sommes devenus ultra-connectés. Cette invention en trente ans a connu un développement fulgurant. Nous avons interrogé les professionnels du service informatique pour connaître leurs premiers souvenirs de surf sur la toile.
Cho Yang, chef du service informatique du CAES
« Cela devait être en 1993 ou 1994. À l’époque je travaillais au rectorat de Rennes. Tous les ans, les résultats des examens étaient mis sur le minitel. Mais déjà, on réfléchissait au passage sur internet. C’était déjà le projet. On avait la vision de ce qu’internet allait devenir ! J’ai vraiment découvert internet dans ce cadre professionnel. De façon plus personnelle, j’étais étudiant en cours du soir à l’université de Beaulieu (à Rennes). Ils avaient un programme « internet gratuit pour les étudiants », on se ruait sur les ordinateurs ! Ensuite, je suis rentré au CNRS en 1996. Et là j’ai découvert tous les étudiants et thésards qui partageaient leurs recherches via des pages perso HTML. J’ai compris que le web pouvait devenir aussi un formidable outil de partage de connaissances. Enfin en 1999, pour mon mémoire au CNAM à Paris, j’avais même choisi le sujet du commerce en ligne. Il y a avait déjà des visionnaires, le site Marcopoly par exemple. Mais il était trop en avance sur son époque, les gens n’y croyaient pas. Ils disaient « en achetant sur internet les gens ne paieront pas ! ». C’est amusant quand l’on considère l’essor des géants du commerce en ligne aujourd’hui. »
Bérenger Desgardin, assistant développeur web
« J’ai eu internet à la maison vers mes 7 ou 8 ans, au début des années 2000. J’habitais à la campagne alors bon, ce n’était pas très performant ! C’était une galère pas possible, il fallait attendre et attendre pour que les pages se chargent… Et puis ces Modem 56 k d’AOL qu’on avait, ça faisait un boucan ! Je me connectais surtout pour jouer à des jeux flash en ligne, ce sont vraiment mes premiers souvenirs ! »
Pour les nostalgiques ou les moins de vingt ans qui ne peuvent pas connaître, le doux son des modems 56 k.
Chong Woo Paig, chef adjoint du service et administrateur Systèmes et Réseaux du CAES
» Je devais être au lycée, en 1995. J’avais un ordinateur, mais qui n’était pas connecté, il n’y avait rien comme réseaux à l’époque ! Moi j’étais déjà féru d’informatique, j’achetais des revues spécialisées. Ils commençaient dedans à faire la pub de modems qui fonctionnaient sur le téléphone. A l’époque, le top c’était le modem US-Robotics, ça me faisait rêver ! Mais ça coûtait une fortune. Pour un lycéen, c’était inaccessible. Et puis en 1995, Microsoft a sorti Windows 95. Et MSN. MSN fonctionnait comme un réseau fermé. A l’époque le web était assez cloisonné. On restait sur le réseau de son fournisseur d’accès. Si tu t’abonnais pour deux mois à MSN, ils t’offraient un modem Sony. J’ai expliqué cela à ma mère : c’est le futur, si je veux faire carrière dans l’informatique, il faut que je sois sur le web. Sony, ma mère connaissait la marque et elle a dit ok ! Le modem arrive, je me connecte. Toudoudidoum ! hiiiiiiin ! Et bon, j’étais très déçu ! C’était pourri ! On arrivait sur l’interface MSN, il y avait la météo et deux trois infos sur Microsoft… Je ne connaissais aucun site alors… Après, il y a eu les moteurs de recherche et le web s’est largement décloisonné. J’ai commencé à télécharger tout un tas de trucs pendant des heures. Mais alors quand ma mère a vu la note de téléphone ! Oups… »
Jean-Philippe Vidal, assistance et développeur GANAEL
« Ah les débuts du web… C’était tellement cher. Et puis ça monopolisait la ligne de téléphone, alors on vivait la nuit pour ne pas bloquer la ligne. Moi j’allais sur ICQ, c’était une sorte de tchat. On rencontrait des gens de partout en France, on était une petite communauté, il n’y avait alors pas tant de monde que ça sur le web français. On a même fini par se donner rendez-vous en vrai dans le sud de la France, c’était fou, on était une dizaine de personnes qui s’étaient rencontrées sur ce réseau ! »
Et vous, quel est votre premier souvenir du web ? N’hésitez-pas à nous le raconter en commentaire !